mercredi 1 février 2017

L'estampe

L’estampe est un mot mystérieux… en fait, elle recouvre un large éventail de créations.

« Une estampe est un dessin réalisé sur un support plus rigide que du papier : métal, bois, pierre. Ce support encré, permet la multiplication mais - et surtout - donne aux traits une intensité, une vie, une vibration, que le trait dessiné sur le papier, au crayon ou à la plume, ne possède pas. »
Roger Passeron

On distingue trois grandes catégories de l’estampe :
  • La technique en creux sur métal : la taille douce
  • La technique en relief sur bois : la xylographie ou sur lino : la linogravure
  • La technique à plat sur pierre : la lithographie et ou sur tissu : la sérigraphie

La lithographie

« Lithographier, c’est un peu tracer sur du sable, avec à l’esprit le sentiment entêtant de la précarité du dessin aspirant à la certitude - ou à la sécurité - de sa fin : l’épreuve. » Titus Carmel
L’histoire de la lithographie
La lithographie est inventée en 1798 par Aloys Senefelder, musicien et auteur dramatique de pièces de théâtre, né à Prague en 1771.

Installé à Munich, Aloys Senefelder cherchait le moyen d’imprimer lui-même ses pièces et ses morceaux de musique que personne ne voulait éditer, en évitant la technique onéreuse de la taille-douce. Le cuivre étant cher, il eu l’idée de remplacer les feuilles de métal par des tablettes de pierre de la région de Munich.
Aloys Senefelder n’était pas un artiste mais ce fut à coup sûr un génial inventeur Après d’innombrables essais, il parvient à mettre au point cette nouvelle technique, il crée des encres et des crayons lithographiques, invente la presse et dépose une suite de brevets dès 1800, tout en continuant à perfectionner son procédé tout au long de sa vie.
Sa découverte allait révolutionner l’imprimerie et est comparable à celle de Gutenberg quant aux développements sociologiques et culturels qu’elle entraîna.
Rapidement les artistes s’emparent de sa trouvaille et l’on voit les plus grands peintres de son époque utiliser cette nouvelle technique. En inventant la lithographie, Aloys Senefelder a permis l’épanouissement d’une nouvelle discipline artistique adoptée par de nombreux artistes: Delacroix, Géricault, Goya, Daumier, Matisse, Chagall, Picasso, Soulages…

La technique de la lithographie
Elle s’appuie sur le principe chimique du phénomène de répulsion par lequel le gras et l’eau sur une surface plane se repoussent mutuellement.


Le dessin
Le dessin se fait sur une pierre calcaire (carbonate de calcium) à l’aide de crayons ou d’encres lithographiques qui sont très gras.

L’artiste est très libre dans sa réalisation et dans l’utilisation des matériaux : crayon litho, encre litho à la plume ou au pinceau, grattoir, brosse à dent …
Il peut corriger, changer, reprendre, compléter son dessin.

La préparation
Le dessin terminé, la pierre est recouverte d’une préparation à base d’acide nitrique et de gomme arabique afin de fixer le dessin et de renforcer la répulsion réciproque de la graisse et de l’eau.
Quand la préparation a suffisamment agit, la pierre est lavée et installée sur le chariot de la presse, elle est prête pour la réalisation des tirages.


L’impression
Pour chaque épreuve, la pierre est mouillée, encrée puis recouverte d’une feuille qui s’imprimera sous la pression de  la presse.
A l’encrage, la pierre humidifiée refusera l’encre aux endroits non dessinés et elle sera «amoureuse» d’encre aux endroits dessinés.
Pour les œuvres polychromes, il est nécessaire de dessiner une pierre par couleur et d’effectuer autant de passages qu’il y a de couleurs. Les estampes sont tirées en peu d’exemplaires et chaque épreuve est numérotée.




Tirage de tête avec une lithographie originale de Auck
Filles et garçons manqués de Jean-Marc Desgent,
Editions Le Grand Incendie, collection In Vitro, 2008





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